Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !

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Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
Vous trouverez ici des artistes, des lieux insolites, des recettes, des films, des expositions, des musiques, des spectacles, des photographies d’amis ….
Tout ce qui rend la vie meilleure, tout ce qui rend ma vie meilleure !

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vendredi 7 septembre 2012

MORALES, LE MAITRE DE L'ACIER A PORT DE BOUC ET NICOLE CHAYNE-SALINI


Pour Anne-Marie qui rend toujours les choses possibles ....





NICOLE CHAYNE-SALINI  est photographe, elle écrit aussi .
Cet été  ses photos ont été exposées à la médiathèque Boris Vian de Port- de- Bouc .
Cette exposition "Incertain regard" présentait  " Quarante ans d’images, du bout de sa rue au bout du monde. Des regards qui se croisent, se troublent, s’entrechoquent, se dévorent au corps à corps, se tournent le dos et puis s’en vont. Jusqu’à devenir incertains."

NICOLE a connu RAYMOND MORALES, elle l'a rencontré en 1999 et l'a photographié .
Voici ses photos magnifiques  qu'elle me donne pour Les Grigris .















Moralès, le maître de l’acier
Espace Gagarine
Du 15 septembre au 6 octobre





Voilà ce que l'on peut lire dans le dossier de presse :

" Issu d’une famille espagnole immigrée, Raymond Morales naît à Martigues en 1926. A l’âge de 14
ans, il entre en apprentissage à Port de Bouc dans les forges des Chantiers et Ateliers de Provence
spécialisés dans la construction navale.
Autodidacte, il s’initie à la peinture dès 1961 avant de réaliser ses premières sculptures en acier.
La fermeture des chantiers navals en 1966 le contraint à ouvrir un atelier de ferronnerie d’art où il
apparie commandes domestiques et créations monumentales et conçoit les premiers éléments de
sa fantastique « comédie humaine ».
Il expose successivement au Palais de la Bourse de Marseille en 1978, au Grand Palais de Paris en
1980 et à Port de Bouc en 2000. Il laisse à la postérité une oeuvre singulière appréciée par les
collectionneurs du monde entier."

Il est important aussi de lire le très sincère texte de Léon Claude Vénézia écrit en  mai 2012.



" Les automobilistes qui passent depuis des années dans la zone industrielle de Port de Bouc, en
bordure de nationale, ont certainement remarqué le musée parc-exposition Moralès, clos par un
mur d’enceinte d’où émergent d’étranges créatures de métal. Ceux qui ont eu la curiosité de
visiter ce lieu en sont ressortis enthousiastes ou horrifiés. Les 600 sculptures qui peuplent ces
quelques deux hectares résument le tragique de la condition humaine et ne doivent rien aux
Beaux-Arts ni au Bon Goût. A hauteur d’homme ou gigantesques, elles frappent l’imagination.
C’est un matin de 1977 que je suis tombé en arrêt face à un personnage de forme humaine
suspendu à l’extrémité d’un poteau incliné. La tête broyée entre les mâchoires d’un monstre, il
semblait agiter en vain ses bras et jambes écartés. Cette oeuvre m’évoqua irrésistiblement un
avatar de la crucifixion. Je poussai la grille entr’ouverte, impatient de connaître l’artiste qui en
était l’auteur.

L’homme au front ceint d’un foulard rose qui m’accueillit était d’une douceur tranquille, à la fois
surpris mais heureux qu’un passant s’intéresse à son travail. Un dialogue amical s’instaura entre
nous tandis qu’il me faisait visiter son territoire. Je fus immédiatement saisi par l’expressivité et la
charge politique de ses oeuvres. Né en 1924, il avait commencé à travailler très jeune comme
ouvrier au Chantier naval. Après la fermeture, il s’était installé artisan-ferronnier et avait bâti sa
maison et son atelier. Le désir d’expression personnelle l’avait déjà poussé à peindre durant ses
loisirs. Je ne connaissais rien, je ne savais même pas où l’on achetait la toile ! Après avoir peint
près de 400 tableaux, il entreprit de forger et sculpter des pièces de métal au marteau. Après
quoi, ayant récupéré des machines outils, rebuts du chantier naval, il imagina de très grandes
pièces, formées à partir de tôles brutes puis chauffées et martelées à la forge. Le résultat était
admirable. Toutes différentes et baroques, ses sculptures puisaient leur inspiration dans des
fantasmes cauchemardesques aussi bien que dans des évènements liés à l’actualité, famine,
pauvreté, luttes pour le pouvoir. Raymond Moralès avait la chance d’être totalement autodidacte :
il n’avait aucune inhibition d’ordre esthétique ou moral. Je ne cherche pas à plaire, mais à
exprimer ce qui me vient en tête.
Dès lors, je voulus rendre compte de l’intensité de cette oeuvre gigantesque par la photographie
et par le texte. Je publiai différents reportages dans les magazines avec lesquels j’étais en contact.
Par ailleurs je ne manquais jamais une occasion de faire connaître cet homme d’exception à mes
amis. C’est ainsi que je conduisis un jour Jules et Jeanne Mougin chez Moralès. Nous y passâmes
une partie de la journée. Le facteur saisi de stupeur et d’exaltation demanda à Raymond de lui
dédicacer l’un de ses marteaux ! Dans les mois qui suivirent, il m’adressa maintes lettres
d’encouragement. Mon cher Claude, travaille Moralès, c’est le marbre, la pierre dure, le métal ! Un
homme, seul, vit à Port de Bouc, dans l’Anarchie capitaliste, dans la démolition capitaliste, dans la
laideur capitaliste, dans l’enfer du profit ! / Moralès surnage. / Il domine – et rêve. / Travaille,
Claude. Isole toi ! Ne « pense » qu’à Moralès ! Tu trouveras pour lui, pour cet artiste, les mots
justes. (18 janvier 1980)

Ces publications, ainsi qu’une émission de France Culture consacrée aux savoirs populaires, lui
attirèrent certainement des visiteurs, puis d’autres photographes férus d’art brut. Mais Raymond,
caractère entier, tenait à être reconnu comme un artiste égal ou même supérieur à César, puisque
ses oeuvres naissaient entièrement du travail de ses mains. Il vendit quelques sculptures mais les
rares tentatives d’exposition se soldèrent par des échecs : ses représentations crues ou violentes
heurtaient les bien-pensants. Il m’avait raconté qu’une de ses sculptures exposées à Marseille
avait été recouverte d’une bâche par les services de la mairie !

En 1988, à la demande et avec le financement de Raymond Moralès, mon ami Pierre Jean Balbo
édita un catalogue que nous conçûmes ensemble. Malheureusement, bien que le sculpteur en ait
approuvé la maquette, il fut déçu par le résultat final, malgré la qualité de l’impression et le
nombre important de photographies et de textes. Cet objet trop mince était éloigné de ses
conceptions et fut cause d’un malentendu qui jeta un froid entre nous. Je ne revins plus à Port de
Bouc. J’en éprouvais des regrets, me promettant régulièrement de retourner le voir. Lorsque
j’appris sa mort, survenue en 2004, j’écrivis à sa veuve qui habitait Paris et la rencontrai lors d’un
de ses retours dans le Sud. Ce fut ma dernière visite de ce lieu extraordinaire. En 15 ans, une
centaine de nouvelles oeuvres étaient nées ; j’étais stupéfié par la puissance créatrice dont
Raymond Moralès avait fait preuve jusqu’à son dernier jour et profondément désolé de constater
que l’abandon était en train de détruire les créatures qu’il avait engendrées. Les désaccords entre
héritiers renvoyaient aux calendes un sauvetage éventuel.

L’horizon de Raymond Moralès s’était pourtant éclairci durant l’année 2000, grâce à l’heureuse
initiative de M. René Giorgetti, ancien métallurgiste aux chantiers navals et adjoint au maire de
Port de Bouc. Il proposa à Raymond une grande exposition qu’ils conçurent ensemble : quatorze
sculptures monumentales furent exposées pendant quinze jours le long du canal d’Arles à Bouc,
face à la mairie. Ce fut un succès. Un public nombreux qui n’avait sans doute jamais visité le
musée, se pressa pour voir ces oeuvres éclairées jusque tard dans la nuit. Raymond fut honoré par
la médaille de la ville. Cette reconnaissance de la valeur de son travail a certainement adouci les
dernières années de sa vie.

À l’occasion des Journées du Patrimoine, la ville de Port de Bouc organise une importante
manifestation, l’art et la culture au travail. Un ensemble de 36 sculptures sera exposé du 15
septembre au 6 octobre 2012 dans la salle Gagarine, tandis que cinq ou six oeuvres monumentales seront érigées en différents lieux de la ville.

 Je me réjouis de cet évènement qui ouvrira peut-être une voie à la sauvegarde d’une oeuvre d’exception, réalisant ainsi le désir de celui qui disait :
" Je suis peut-être prétentieux, mais j’essaie dans la mesure de mes moyens de laisser une trace de mon passage sur cette planète " ."


Service de coordination culturelle de Port de Bouc -
 04 42 40 51 92

*** Programme sur le site de la ville

*** D'autres photos

 (cliquer sur les liens)  Entrée libre



 

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