Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !

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Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
Vous trouverez ici des artistes, des lieux insolites, des recettes, des films, des expositions, des musiques, des spectacles, des photographies d’amis ….
Tout ce qui rend la vie meilleure, tout ce qui rend ma vie meilleure !

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mercredi 27 mars 2013

ODY SABAN ENTRE LUXURIANCE ET EXUBÉRANCE



ODY SABAN nous l'avons croisée dans différentes expositions à Bègles, à la Halle Saint Pierre, nous l'avons aussi  rencontrée chez Jean-Michel Chesné ...
La voici aujourd'hui sur les Grigris ...

Avec cette phrase de   Roger Cardinal : «Les étreintes infinies sont l’image d’une extase qui dépasse la simple hantise charnelle. Il y a ici une ouverture vers autre chose, un élan presque mystique, l’amorce d’une harmonie impensable».

Un texte de Gilles Bounoure de juin 2012 ( Hebdomadaire Tout est à nous !  n°154)

 "On connait Ody Saban pour ce que ses toiles et ses dessins expriment de ferme révolte contre le patriarcat et d’aspiration ardente à l’émancipation générale…Dans les œuvres récentes (2011-2012) on remarquera la fusion entre deux atmosphères que son imagination explorait naguère séparément, celle de la forêt vierge et celle de la navigation maritime ou fluviale, toutes deux sans voles tracées à l’avance. Pour apprécier ce que le résultat a de libérant, il suffira de comparer ces paysages rêvés aux cauchemars tropicaux de Joseph Conrad, La Folie Almayer ou Au Cœur des ténèbres à l’origine du film Apocalypse Now. Point de telles ténèbres dans le paradise Now que dessinent les « fleurs de la nuit » d’Ody Saban."


... et des textes  inédits écrits par ODY ....




2011. Les fleurs de la nuit voyagent. 115, 50x 73cm. Acrylique, encre de Chine sur toile.

 
"L’art doit être comme de la sorcellerie. Il doit agir sur les gens sinon ça ne sert à rien.
Ici c’est un tableau un peu inquiétant mais qui va dans le sens d’une réconciliation.

Le bateau s’avance dans la jungle et se fond en partie dans cette jungle. Il devient un élément de cette jungle.

La fleur de la nuit, c’est la fleur ou la lumière qui s’ouvre dans la profondeur de la jungle et qui donne un espoir : l’espoir qui nait dans le cœur chaque fois qu’on entend la musique du monde sauvage.
La fleur de la nuit n’est pas précisément située dans ce tableau, on peut la trouver ici et là, pas partout mais dans beaucoup d’endroits. C’est une fleur qui se métamorphose et qui plonge ses racines dans l’inconscient.
Cette fleur de la nuit, on peut la voir, p. ex. ici, (la tête d’une femme rose à gauche avec un corps rose qui sort du bateau) ou alors là (la grande feuille avec un œil et ce personnage rose assis qui peut faire fonction de lèvres) ou encore ici (les deux arbres qui ont des bouches proches l’une de l’autre) ou encore dans ces formes (vertes et grises, à droite, mi pieuvre, mi végétal).

Les arbres sont espacés de façon musicale et rythment l’avancée du bateau. Ils regardent avec un regard humanisé ou animalisé mais ce regard conserve le caractère solennel et un peu impersonnel qu’ont les arbres quand vous passez devant eux : il se passe quelque chose ; les arbres agissent sur vous, ils vous émeuvent, mais en même temps c’est un autre monde.

Les éléments minéraux, végétaux, animaux et humains se fondent et s’interpénètrent les uns les autres. On voit le bateau empli de végétations, (fenêtre verte au milieu), de formes humaines qui ne sont pas seulement des passagers (comme à l’extrême droite, le buste de couleur rose), des formes animales s’en échappent et surgissent (le lapin et son ami, le hibou et des formes plus indéterminées comme ici toute au milieu, cette forme rouge et rose qui est un personnage).

Dans ce tableau chaque être vivant parle aux autres êtres parfois dans un souffle, parfois dans un chant, parfois dans un cri. "



2013. Les amoureux en danger. 35,5 x 27,5 cm. Acrylique sur toile.


"Il s’agit ici d’êtres clairement mythologiques et imaginaires. Ces êtres représentent la fragilité de l’amour, toujours en tension,  entre les pulsions sexuelles et agressives d’une part, et d’autre part l’exaltation et l’idéalisation.
"



2013. Le libre développement de la tête. 92x 65cm cm.

" Il y a plusieurs têtes dans les deux principaux animaux, parce qu’ils pensent différemment, avec l’esprit, le cœur ou les tripes, mais ces façons de penser ne sont pas hiérarchisées.
Ici aussi on trouve apprivoisement, sublimation et sagesse. Il y a un groupe d’anthropoïdes
plus ou moins humanisés et qui sont aussi des figures mythologiques. Les esprits anthropoïdes
sont conduits par les esprits des animaux plus primitifs et l’inverse est vrai aussi. Il y a une protection mutuelle."






 2010. Dans la forêt Lacandone,Kachina Angwusnasomtaka  pendant le rite d’initiation pour les nouveaux nés. 55x 55cm. Aquarelles encre de Chine sur papier.


" J’ai plutôt cherché des chimies subtiles qui fassent surgir de la banalité, des fragments des mondes utopiques mais aussi des trous noirs monstrueux qui s’ouvrent partout sur cette terre, au cœur même de la vie quotidienne. Si mes aquarelles déroulent des tapis qui racontent des histoires et semblent surgies de contes de milles et une nuit, ces histoires sont pourtant parsemées de cris de révolte. Si on dit souvent avec raison que mes peintures à l’acrylique sont violentes, ce n’est pas pour autant que leur contenu soit un appel à la violence. C’est la vie courante qui est violente. Elle est à un point tel que, ni les enfants, ni les femmes, ni les hommes, ne sont capables de l’apercevoir telle quelle se développe et rompe à nos pieds au bord de Bosphore, aux pieds des cheminées des fées, comme à l’ombre des civilisations détruites qui semblent hanter jusqu’à ce qu’il y a le plus beau dans le Grand Canyon de Colorado.

 
2006. L’envol pour demain. 65x 92cm. Acrylique, encre de Chine sur toile.
Les bateaux d’Ody Saban
 
Voici un texte écrit en 2008 par Michel LEQUENNE « Ode à la vie » :
 
"Où vont les bateaux d’Ody ?
Ne le lui demandez pas ! Elle ne vous répondra pas !
Et pourquoi ?
Pour répondre, il faut enquêter, car on n’y voit personne de disposé à satisfaire la curiosité la plus désintéressée. Pas de capitaine apparent, et guère non plus de matelots, lesquels d’ailleurs, m’a-t-on dit, ne parlent aucune langue connue. Quant aux passagers… Ah ! les passagers ! Bouches cousues et mine fermée ! Ils semblent surtout pressés de partir. Il suffit de suivre leurs regards tournés du côté de la mer.
N’est-ce pas une première indication ? Ils fuient sans doute, et si vous vous demandez quoi et pourquoi, c’est probablement que vous êtes satisfaits du monde tel qu’il est.
Tout de même, dites-vous, le ciel est bleu ! D’un bleu superbe ! plus beau que celui de Klein ! Toutefois, ne vous y fiez pas ! Rien de plus changeant que le ciel. Et ceux qui en attendent quelque chose en le priant en reçoivent rarement de l’aide, quand ce n’est pas des bombes.
Donc ils fuient ?
Mais non ! Pas besoin d’avoir peur pour avoir envie de s’en aller. On peut simplement se dire qu’ailleurs, ça ne peut pas être pire, et que ça a même des chances d’être mieux. Ça ! une cosmopolite comme Ody se l’est souvent dit. Trop souvent peut-être pour en être encore dupe ! Alors ?
Je ne vous ai pas encore parlé de ses bateaux eux-mêmes. De sacrés beaux bateaux ! Des rouges comme ça, on n’en voit pas beaucoup. Avec des bateaux pareils, on ne va pas jeter l’ancre dans un port gris, au milieu de bâtiments noirs. Et les superstructures ? Vous les avez bien regardées les superstructures ? Avec ce qu’ils recèlent comme confort, on peut aller loin, et sans ménager sa monture.
Bon ! Loin ! Mais où ?
À mon avis, comme Colomb, pour l’inconnu, pour des terres inconnues. Pour des Indes féeriques. Voyez l’Envol pour demain ! Quel enthousiasme ! Quelle confiance !
Vous prétendez qu’il n’y a plus de terres à découvrir.
Si ! Il y a le pays d’Utopie !
Et a bien regarder ces fameux passagers, je leur trouve des têtes à être les parfaits citoyens potentiels de ce pays là ! Leurs rêves sont si puissants qu’ils s’échappent de leurs têtes en émanations fantastiques.
Donc, oui, ils vont vers l’Utopie ! À moins… à moins que les bateaux eux-mêmes soient le but déjà atteint, pavoisés comme ils sont de ces tableaux qui contiennent la miniaturisation de l’univers entier, prêts à voguer indéfiniment sans sombrer jamais.
Conçus, construits, affrétés, équipés, en un mot peints par une magicienne, avec un équipage et des passagers d’invocation altermondialiste, ils partent pour la vie invincible, pour demain !
Bon voyage à tes bateaux, Ody !"

 














2010. La fée Capucine prend son envol. 65x 92cm. Acrylique sur toile, encre de Chine sur toile.Sérigraphie

















2011. Le peuple des êtres sans pesanteur. 65x 92cm. Acrylique, encre de Chine sur toile.

 

 
La béquille carabine

1994.
Mémoire I. Sérigraphie en six couleurs sur carton crème. Cette sérigraphie est la dixième page du livre d’Ody Saban « La béquille carabine ». Le livre est en sérigraphie, il a vingt pages et son reliure est en carton. 41x60, 5 cm. Edition Le Dernier Cri. 100 exemplaires. Ce livre se trouve dans plusieurs collections des musées d’art brut comme à Lausanne et est disponible à l’atelier de l’artiste.

Ce texte est écrit et calligraphié dans le livre par Ody.

Je suis avec mes béquilles. Mon pied séparé de la terre est entre les pattes velues du lion mon amant. Je ne suis qu’un tibia. Mon amant risque d’effleurer le sexe de l’os du péroné : la femme imaginaire dont je suis jalouse.

Je dis au lion mon amant « reste là et pénètre-moi ». Les boutons de nos glandes s’ouvrent sous nos doigts. Nos sexes s’envolent d’un pétale à l’autre. Je laisse mes béquilles.
Alors tu me portes dans tes pattes et ton sexe est un oiseau.

Moi je suis immobilisée et toi tu ne sais pas mélanger les assiettes avec les livres, ni les souliers avec les boîtes de couleurs dans un placard qui pourrait devenir le nôtre. La femme dont je suis jalouse veille et te montre les différentes parties de son sexe.

Je sais tisser mes rêves mais sais-je faire passer les essuie-mains de ma tête ensommeillée à travers les plumes de l’oie vivante de l’oreiller en forme de T ?

Deux cœurs bougent au milieu de l’amour ! Je me mouille dans le plaisir à regarder ton iris d’où des étoiles se faufilent.

Je trouve des formes à travers les sensations de mon clitoris, mon cœur est dans mon sexe.

Mais j’ai entendu que les yeux de l’oiseau qui chante ont été crevés pour qu’il chante mieux. J’ai pris la béquille carabine pour tuer la guerre. 

" Cherchez à vous surprendre dans ce que vous avez de plus vrai" voilà ce qu'ODY SABAN donne comme conseil aux jeunes peintres . 

 Vous pouvez aussi retrouver Ody sur facebook .... et découvrir bien d'autres  tableaux ......
















1999. Le signal est donné. 25 X 37,5 cm Aquarelles, encre de Chine sur papier de soie.

 
Voici un texte écrit par Roger Cardinal pour l’exposition personnelle d’ Ody Saban « ÉTREINTES» qui a eu lieu en 2005 à Paris, à la galerie « Objet trouvé, aujourd’hui s’appelant galerie Christian Berst ».


ODY SABAN: LA PLUME FAUVE



Regardez courir cette plume fauve, telle la queue du renard glissant sous la haie, les paraphes de l’écureuil longeant la branche, l’ombre de la mouette sur le sable. La main d’Ody Saban, déliée, ne recule pas. Elle arpente l’ampleur du papier, l’encombrant de lignes brusques ou sinueuses qui s’entrelacent et s’entretassent. La pratique de l’automatisme consiste en premier lieu à exercer une savante maladresse, donnant champ libre à la prolifération gestuelle : puis, par une sorte d’affaissement inspiré, les griffonnements saccadés sont pris dans un flux plus calme, échappant à l’opacité tumultueuse de l’encre pour revêtir un début d’apparence. Alors, et c’est là tout son jeu, la dessinatrice tire doucement sur les fils ténus qui serrent les liens entre les formes. D’un grand galimatias illisible sortent des contours éloquents : des configurations émergent, petit à petit la confusion se dissipe et le dessin se précise.


C’est comme si, dans un sobre cérémonial, se tissait une trame magique, s’imposant, frémissante, toujours plus dense. Car, de même que l’araignée se confie à chaque noeud infime qui garantit l’architecture de sa toile, le sujet créateur maintient d’instinct un contact avec l’ensemble du réseau pulsionnel qu’est son ouvrage. Soutenue par une espèce d’hypnose nerveuse, la plume creuse une syntaxe intentionnelle qui porte le gribouillis à la cohérence.



Ainsi prend corps un monde d’une étrange exubérance.



Cet espace virtuel et inédit, véritable amas de profils hardis et de longs pans texturés, s’appuie sur des règles tacites d’équivalence, de transparence et de correspondance. Voyez ces petits personnages comme des portraits en miniature, reproduits à l’intérieur de grands personnages. Découvrez ces niches intimes, ces alcôves surchauffées, où se déroulent de charmantes scènes scabreuses. Il s’agit d’échos et de reprises, parfois inquiétants. Le papier respire, les membres s’étirent et se recoupent. Arc, cercle, hachure, arabesque disjointe – autant de signes suscitant front, sourcil, pupille alerte, narine, menton, joue, lèvre juteuse... Visage après visage se dévoile et s’éveille radieux. Et les baisers se boivent tel un buisson avalant des moineaux.



Toutes ces scènes d’accouplement béni ont lieu mais leur lieu manque à nos cartes quotidiennes. Cet univers lourd de jouissance baigne dans une mythologie archaïque et volontairement floue. Interrogée, l’artiste admet quelques allusions : Çatal Höyük, Ithaque, Éden ; ou bien : Lilith, Pénélope et Ulysse, Ève et Adam. Mais rien n’est trop fixe, car son propos n’est pas d’illustrer une quelconque narration toute faite mais de mettre en scène un certain drame spirituel qui, plus précisément, traite de la rencontre d’une palpable présence avec une surface prête et ardente. Auteur et feuille vierge s’embrassent dans chaque trait d’encre, imprégnés de cette sécrétion scintillante qui coule de source pour enregistrer le rythme d’un coeur battant.



L’oeuvre d’Ody Saban n’invite guère à un effort de raisonnement mais à la reconnaissance d’une plénitude qui est comme la signature immédiate du sujet créateur. Sa haine du mensonge, sa volonté de rénover les rapports humains, sa passion de beauté et de joie se mêlent et se muent en une contemplation sereine. Sa ferveur émotionnelle prend enfin la voie de la lenteur et de la clarté. Les étreintes infinies sont l’image d’une extase qui dépasse la simple hantise charnelle. Il y a ici une ouverture vers autre chose, un élan presque mystique, l’amorce d’une harmonie impensable. Impensable, certes, mais seulement parce que – jusqu’à nouvel ordre – nous vivons en deçà de ce paradis sans culpabilité, où l’élan amoureux plane librement, comme la plume sur la page blanche.


ODY SABAN EST UNE ARTISTE LUXURIANTE ET EXUBÉRANTE...


FEMME VANILLE, FEMME CÈDRE, FEMME TIGRE, 

 FEMME HIBISCUS,FEMME GRENADE FEMME TOUCAN  
 
ODY SABAN EST UNE JUNGLE A ELLE TOUTE SEULE !



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