Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !

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Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
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lundi 8 juin 2015

FRANCK BARRET VU PAR APOLLINE ET JEANINE RIVAIS

 ÉTÉ 2011 ...









Pour accompagner les photos d'Apolline voici un texte de Jeanine Rivais écrit suite à une  visite faite en octobre 1997 :

LE MONDE OUBLIE DE FRANCK BARRET,SCULPTEUR  

Autrefois lieu de mysticisme, d’inspiration et de convivialité, LE MUSEE DE MODELAGE de FRANCK BARRET appartient désormais à la poussière, aux araignées et à l’oubli.

Pourtant, il semble que la vie et le rayonnement de ce paysan y aient été, depuis toujours intenses puisque, dès l’âge de 5 ans, il se vit confirmer “par des soldats africains”, sa “puissance mystérieuse”. Immense, également, attendri, mêlé d’un brin d’admiration et de scepticisme un peu apitoyé, le souvenir qu’il a laissé dans les mémoires de gens venus parfois de très loin, et qu’il a guéris ou enchantés. Car, à l’origine, il ne mit sa médiumnité qu’au service d’autrui, toujours pour “faire le bien” : Ainsi affirmait-il avoir rencontré Hitler sur l’escalier aujourd’hui disparu de sa maison alors mangée de lierre ; et avoir refusé tout net son fluide parce qu’il était négatif ! Avoir dissuadé son fils de continuer les courses cyclistes parce qu’il lui suffisait, pour le faire gagner, de “faire tomber” ses concurrents, etc.

Racontait-il sous cette forme ces épisodes ? Les racontait-il, d’ailleurs, réellement ? Ont-ils été embellis, colportés voire créés par le bouche-à-oreille ? Qu’importe ! Les visiteurs de naguère sont sûrs de leur mémoire, comme de sa verve et de sa bonhomie ! Ils s’amusent encore de son rire sonore lorsque, entrant dans son étrange lieu, un enfant poussait un cri en se trouvant nez à nez avec un gigantesque gorille ; de sa faconde lorsque, commentant son oeuvre si singulière, il évoquait ses visions ; de ses airs mystérieux lorsqu’il faisait mine de ne pas vouloir répondre aux curieux qui lui demandaient : “Pourquoi Lourdes ? Pourquoi Savorgnan de Brazza ? Un extra-terrestre ?" Etc.

 Car ces thèmes, ces personnages et bien d’autres, se côtoient dans les deux pièces humides dont il avait fait, pendant une quinzaine d’années, le réceptacle de ses oeuvres !

Franck Barret appartenait, en effet, aux créateurs médiumniques, “entendant des voix” au milieu de leur sommeil, “obligés” de se lever pour pétrir l’argile (qu’il allait chercher nuitamment dans des “caches” apparemment dangereuses, d’où l’inquiétude permanente de son épouse) ... Et, d’après ses dires, il n’avait que peu d’initiative dans la conception des personnages ou des animaux qui émergeaient de ses transes : Ainsi, sa première vision “picturale” (certifiée par un document de la gendarmerie de Sainte-Foy-la Grande) concernait-elle Lourdes : la moitié de la pièce du fond de son musée représente donc ce site. Mais le plus curieux est la disproportion ou plutôt l’absence de proportions entre ses divers éléments : Ainsi, l’enfant qui fait la quête et la Vierge sont-ils grandeur nature. Mais la montagne, les téléphériques... la basilique même, sont minuscules, parce que “le Maître” lui avait intimé l’ordre de les réaliser ainsi ! N’affirmait-il pas à un journaliste contemporain de sa création : "Un engin s’est posé en face de la ferme, de l’autre côté de la route. Il avait la forme d’un oeuf. En sont sortis deux petits bonshommes qui sont venus vers moi ! “Qui êtes-vous ?” leur ai-je demandé ! _Vous avez demandé à nous voir, alors nous sommes venus”. Je leur ai fait visiter mon musée, en leur donnant toutes les explications possibles. Ils étaient très intéressés. Je leur ai demandé leur âge : “40 ans”, m’ont-ils répondu. Mais chez eux, on vit jusqu’à 140 ans. Ils sont remontés dans l’engin, et sont repartis... L’un d’eux figure, depuis ce jour, tel qu’il l’a vu, dans la première salle du musée !

 Cette toute-puissance du Maître explique sans doute l’extrême mélange des sujets installés côte à côte : On se dit : “Ce sont de vrais oiseaux, naturalisés !” Pas du tout ! Ils sont en terre, peints dans des couleurs presque conformes à la réalité... Un aigle immense sur son bâton se trouve devant une chauve-souris vampire qui vole devant l’extra-terrestre, et derrière le missionnaire aux mains croisées sur une fleur de lys...

Et se pose une fois de plus le problème de “comprendre” cette création de gens simples ; lisant peu ou pas ; n’ayant jamais voyagé ; exécutant sans même penser à s’y soustraire, d’après des “ordres” évidents pour eux, des oeuvres hors de leur quotidien et de leur culture ; n’envisageant à aucun moment de les vendre ou de s’en séparer...

Appeler son lieu “Musée”, et l’ouvrir au tout-venant comme il en avait l’habitude, impliquait par contre la volonté de Franck Barret, de partager avec autrui son monde imaginaire. Il est d’autant plus regrettable qu’il soit, depuis la mort de son hôte survenue voici une dizaine d’années, voué à l’indifférence et à la dégradation : parce que faites d’argile brute jamais soumise au four, les sculptures sont en train de se délabrer : le gorille s’est fendu en deux, les branchages se sont rabougris... Privés de leur légende, les fantasmes ont changé de sens : Le Fantôme de l’Opéra est devenu la Mort côtoyant l’explorateur ; et Vercingétorix (mais est-ce bien lui ?) enchaîné médite sans espoir devant l’Enfant Jésus définitivement alité...

Il faut désormais insister impudemment et payer un lourd tribut pour pénétrer, comme dans un tombeau, dans les pièces où, délaissée en attendant une probable destruction, dort dans la pénombre, l’oeuvre de Franck Barret. A la voir s’effriter, elle qui fut si vivante, vient en mémoire cette phrase liturgique, prononcée lors des enterrements : “Tu es poussière, tu retourneras à la poussière !” Quelle tristesse et quel gâchis ! Et l’on rêve de quelque musée décidant de jouer les Lord Carnavon, allant exhumer cette oeuvre, pour la transporter entre des murs plus amicaux... Réveiller la légende...

(*)On se rendait en famille visiter le musée de FRANCK BARRET, comme à Chartres on emmenait ses amis “voir la Maison de Picassiette”, ou dans la Drôme le Palais Idéal du Facteur Cheval... Tous les épisodes relatés sont des souvenirs évoqués par des parents de Michel Smolec, habitués naguère du lieu et du personnage, qui vivent dans un rayon de 50 km de PINEUILH (Dordogne) où se situe la maison de la famille Barret."
 
LE SITE DE JEANINE RIVAIS
              (cliquer sur le lien)
 

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