Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !

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Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
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Vous trouverez ici des artistes, des lieux insolites, des recettes, des films, des expositions, des musiques, des spectacles, des photographies d’amis ….
Tout ce qui rend la vie meilleure, tout ce qui rend ma vie meilleure !

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lundi 21 septembre 2015

LE CAILLOU DE SIGOLENE VINSON




Ce que dit l’éditeur sur Le caillou

Le Caillou, c’est l’histoire d’une femme qui voulait devenir un caillou.
« Avant de raccrocher, je lui confie que j’ai dans l’idée de partir quelques jours en Corse. Je l’entends renifler et pleurer. Pour elle, c’est le premier signe de vie que je donne depuis bien longtemps. Le dernier qu’elle a perçu, c’est le cri que j’ai poussé en venant au monde. Elle oublie qu’enfant, je riais tout le temps et embrassais le bonheur commun. Ce n’est que plus tard que j’ai eu des vues nouvelles, d’abord celle d’un désert sous ma fenêtre, et depuis peu, celle du large. »

L’avis de Lionel Clément sur Le caillou

Pourquoi une jeune femme pourrait-elle vouloir devenir un caillou ?
C’est à la mort de Monsieur Bernard, son vieil et énigmatique voisin qui tente, depuis quelques temps, de réaliser son portrait, que la narratrice décide de partir sur ses traces en Corse du sud, cette corse où celui-ci se rendait, mystérieusement, plusieurs fois chaque année. D’ailleurs, qu’est-ce qui la retiendrait à Paris, sinon ce client du bar où elle travaille, dont elle est secrètement et désespérément amoureuse ?
« Tu es déjà vieille de toutes façons. Tu te crois jeune parce-que tu as décidé de ne pas faire comme les autres, d’occuper des emplois précaires, de ne pas avoir d’enfant. Mais tu vieillis de la même façon, un pli au coin des lèvres. Et est-ce que tu m’as bien regardé, j’ai fait des choix parfois équivalents aux tiens et aujourd’hui, j’ai pourtant soixante-quinze ans… »
J’ai tout simplement adoré lire Le caillou. Après J’ai déserté le pays de l’enfance, publié en 2011 aux éditions Plon, Sigolène Vinson revient aux excellentes éditions Le Tripode avec ce roman à la fois drôle et désespéré, qui interroge nos solitudes, notre besoin de vivre avec les autres, et notre incapacité à y parvenir réellement.
« C’est un romantique au fond. À tous les coups, il voudra que je l’aime et que je souffre. L’amour, je m’en méfie, à cause de mon expérience malheureuse. Mais peut-être que ce client du Saint-Jean, je l’ai inventé. Dans le sens où j’ai rêvé qu’il était celui fait pour ma vie. J’aurais mal lu dans le marc de single malt, au fond du verre qu’il a laissé dans mon évier avant de partir ».
Avec une plume grinçante et profondément tendre, Sigolène Vinson nous met face à nos angoisses les plus profondes : que restera-t-il de nous lorsque, ayant consumé nos jours, nous nous retournerons sur le chemin parcouru pour réaliser que, cette vie que nous avions rêvée exceptionnelle, unique et inoubliable, ne sera qu’une existence parmi tant d’autres, finalement vouée à l’oubli ? Car même la pierre la plus dure est, elle-même, destinée à y retourner… Ce n’est en définitive qu’une question de temps…
Un roman sublime, triste et délicat !






 DES EXTRAITS ....

 « - Vous avez fait des études ?
   - Oui, très longues.
   - Vous rêviez d'exercer un métier en particulier ?
   - Non, aucun. En vrai, je souhaite devenir un caillou »
« -... Ma femme m'a quitté il y a deux ans. D'après elle, je buvais trop.
   - Ah, vous aussi ?
   - Quoi moi aussi ?
   - Monsieur Colombani qui m'a accompagnée jusqu'ici s'est fait retirer son permis pour conduite en état alcoolique.
   - C'est la rive sud d'Ajaccio. On boit beaucoup.
   - Comment une chose pareille est possible, avec la mer et les rochers que vous avez ?
  - C'est justement ce qui nous rend malades. À regarder le coucher de soleil sur Cala d'Orzu, on comprend que quelque chose nous manque qui ne sera jamais comblée, on appelle ça l'absolu toujours déçu.
   - Et c'est pour cette raison que vous vous enivrez tous, pour oublier.
   - Certains pour oublier, d'autres pour fêter l'événement. »


« En me contentant de petits bruits, j’imagine que la vie passera sans m’apercevoir, qu’elle m’épargnera ce qu’elle n’épargne à personne. »
« Quelle autre trace pourrais-je laisser dans un monde qui refuse d’être remarquable, dont les mécanismes tournent à vide, parce que l’humanité a franchement paressé durant ces deux derniers millénaires ? « 
 « On a le droit de vouloir devenir un caillou, pas de le dire. Ca regarde qui, nos faiblesses ?

  « Il prend la boîte à outils et part au pas de course. Mes jambes répondent et j’allonge les foulées. Quand j’accède au sommet, François se tient devant un visage de pierre qui lui arrive au niveau des épaules.
– Restez où vous êtes. Sinon, vous n’apprécierez rien de l’œuvre, me conseille-t-il.
Il n’y a que les yeux. Le reste n’est pas encore taillé. Mais ils suffisent. De la lumière dedans.
De l’intelligence. Des rêves d’une autre condition, d’une autre destinée. Tout ce qui m’a déserté. Tout ce qui nous a tous déserté. Puisque même François Cipriani en a la frousse.
- Je vous avais dit que c’était saisissant. Tant de vie dans un rocher, c’est surnaturel, c’est plus que nous ne serons jamais. Oui, de la vie pour toujours. Ces yeux seront encore là quand nous, nous serons tous morts. Et ce sont vos yeux à vous. Je vous laisse seule vous débrouiller avec votre conscience. »

 « J’aime bien les vieux quand ils se suppriment, parce qu’ils reprennent leur vie en main. »
« La distance qui nous sépare est un territoire sans coordonnées. »
« Tout ce que nous inventons pour nous protéger de la vieillesse nous fait vieillir plus vite, c’est en nous figeant que nous nous craquelons. »
« C’est comme ça qu’on ne désespère pas, en trouvant quelqu’un qui nous accompagne jusqu’au bout. A condition qu’une fois sur place, il veuille bien nous laisser seuls. »
« Quand j’ai besoin d’un bouc émissaire, je me regarde dans la glace et je le trouve. »
« Le cimetière des éléphants n’existe pas, il n’y a que des mouroirs. »

« Je n’ai jamais souhaité à personne de vieillir en paix, pourquoi le voudrais-je pour moi ? »

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